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Le mouvement surfiguratif

 

Surfiguratif ?  Le terme avait déjà été utilisé à propos du peintre vaudois Jean Viollier (1896-1985) mais c’est le peintre français Jacques Cauda qui a défini le surfiguratif au début des années 2000.

Jacques Cauda, qui, dans sa jeunesse avait flirté avec le free jazz et les théories de Guy Debord, a réfléchi sur le concept de figure en peinture, non plus dans sa déconstruction comme aurait pu le laisser supposer ses influences, mais dans sa reconstruction, à partir d’un Œil omnipotent : celui du photographe. «  Aujourd’hui que le réel est dans un rapport de stricte égalité avec le visible, écrit-il dans son livre manifeste « Toute la lumière sur la figure », la peinture ne saurait avoir d’autre objet que le déjà-vu et d’autre définition que surfigurative ». Autrement dit  l’image du réel est le seul modèle possible pour la peinture figurative et non plus le réel lui-même.

La première exposition surfigurative a lieu à Paris  à l’automne 2000 en présence du peintre Erro et du performeur Kader Attia. Elle s’intitule « Toutes les femmes aiment reposer nues ». Jacques Cauda y présente des nus déjà photographiés puis revus par la peinture, et, dans le cercle élargi du déjà vu, une « relecture » des œuvres de Nicolas Poussin.

 

Bibliographie

* Jacques Cauda, Toute la lumière sur la figure, éditions Ex Aequo.

Quand en 1888, James Ensor peint " L'entrée du Christ à Bruxelles ", il réaffirme le lien insécable qu'il y a entre la figure du Christ et la peinture, entre le Verbe et la lumière. Mais, dans le même temps, une invention vient à manger peu à peu le monde et sa représentation jusqu'alors dévolue à la seule peinture : c'est la photographie. Et la figure de disparaître aussitôt dans l'insignifiance générale. Et la peinture de redevenir curieusement maladroite et bientôt abstraite (de toute figuration). Quelles conséquences en tirer ? Que la peinture, aujourd'hui ne peut être conçue qu'avec ce qui à la fois l'anime et la remet en question, avec ce qui l'a toujours animée, la lumière, et avec ce qui l'interroge depuis l'invention de la photographie, la figure. Telle est l'ambition du peintre Jacques Cauda qui se confond ici avec l'enjeu de son écrit : redonner un regard au monde aveuglé où rien n'existe plus désormais en dehors de son image aveuglante. Un regard ? C'est-à-dire un nouveau verbe, un verbe de lumière : surfigurer !